Turas math le Mgr Burns ! – Chapitre 1

Un besoin d’évasion ? Rien de mieux qu’un univers boréal ! Une terre de vents, de pluies, de brumes mais aussi de sang sur fonds de parfums de tourbe, de bruyère, de mousse et de lichens. Côtes profondes avec leurs barques aux voiles battant au norois, sentiers de traque du haggis, l’animal mythique qu’on cherche encore à chasser, sans doute pour remplacer le renard. Sons de cornemuses qui résonnent longtemps par delà les lochs bleus de nuit. Des gens, rudes mais ouverts, pour qui solidarité et identité ne sont pas des idées philosophiques mais une pratique quotidienne des sentiments.


Alors, « Bonne route avec Monsieur Burns ! » pour les terres,
non du Scotland, mais de l’Alba par ses chemins éternels vers la liberté !

Un malentendu organique des origines

Celtes toujours, dominés jamais !

Pour comprendre la spécificité écossaise, il faut se rappeler qu’elle a été constituée par des tribus, souvent ennemies, mais du même monde culturel. Les Pictes, les Bretons et les Scots venus d’Irlande sont tous des Celtes. Eux-mêmes originaires du centre de l’Europe d’où ils rapportèrent des traditions qui perdurent jusqu’à aujourd’hui. Malgré les batailles perdues contre le remuant voisin anglais, impossible de se fondre dans sa construction artificielle aux croyances jugées tout aussi superficielles. Toujours, le mystique a fait partie du quotidien. L’arrivée tardive des Nordiques depuis la Norvège, à renforcé l’attachement à la mer des origines et à la terre-mère primaire. En fait, des peuples premiers contre un envahisseur.


Les royaumes de Fortriú (picte), de Fib (picte), Gododdin (breton), de Strathclyde (breton) et de Dal Riada (scot) vont être absorbés par le royaume des Scots et former la Scotia, nom romain bien commode pour englober un échiquier trop complexe de particularités. Ces singularités sont cultivées depuis fort longtemps sans pouvoir s’approcher facilement car elles se mêlent au besoin de voir ailleurs sur le continent. Cette constance est aujourd’hui exacerbée par l’enrôlement involontaire dans le Brexit.

En Écosse, encore de nos jours, on parle d’une Auld Alliance, la Vieille Alliance entre l’Écosse et la France, celle signée contre l’Angleterre en 1295, poursuivie par le mariage en 1558 de Marie Stuart ,reine d’Écosse et de François II, roi de France. Alliance indéfectible reconduite par Louis le Quatorzième en accueillant et finançant le roi Jacques contre la perfide Albion.


En parler jamais, y penser toujours !

Nous délaisserons donc les turpides du Premier Sinistre du royaume d’Angleterre, trop occupé à constituer son champ de plus de 100 000 croix de bois, responsable mais pas coupable sur la route du demi-million. De querelles en coups sournois, l’Anglais avance au rythme de la pandémie car « Souvent virus varie, bien fol qui s’y fie ». Alors foin de gesticulations oniriques. Un Écossais de Bruxelles, indépendantiste et républicain, me confie son sentiment en réaction aux dernières fanfaronnades anglaises :
« Si le diable a refusé l’accréditation d’ambassadeur au représentant de l’Union Européenne qu’il abaisse à un simple représentant d’organisation internationale, il oublie qu’elle dispose d’un parlement élu au suffrage universel. Et s’il n’a pu empêcher la présence d’un représentant en Ulster, c’est qu’il ne le pouvait ! Ici on n’a pas oublié qu’une situation inextricable a fait venir précédemment l’Europe pour régler un problème interne sans issue. Donc réjouissons-nous ! C’est un premier pas vers le démembrement inéluctable du royaume de Grande-Bretagne … et une réunification au sein d’une libre Erin… avant notre propre tour… pour une union républicaine celtique ! ». République ! Un mot tabou depuis Cromwell !

A bien y regarder, les territoires des adversaires sont presque équivalents. Mais l’opposition culturelle et économique – se souvenir qu’au XVIII ème siècle, l’Écosse était économiquement plus avancée que l’Angleterre – prendra une nouvelle tournure avec le mythe d’Ossian le Barde. Ossian apportera une fracture de plus pour une impossible conciliation. L’opposition va prendre une nouvelle forme… et c’est une autre histoire pour d’autres batailles de tribuns.

Pour une carte détaillée de l’Écosse : Scotland_map-fr.jpg (2400×3450) (wikimedia.org)

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