Promenade d’un contemporain dans un dictionnaire étymologique des noms propres (lettre V)

Lettre V

Nous voici arrivés au bout du chemin. un dernier enchantement s’offre à nous


VACANA
VACUANA OU VACUNA, déesse qui présidait au repos des gens de la campagne. Du latin vacans, vide, vacant; qui est de loisir, sans affaire, vacatio, exemption, dispense, vacuitas. vide, espace vide, vacunatis, concernant la déesse du loisir, vacuus, vide; stérile; oisif, libre, dérivés de vacare, être vide; manquer de, être exempt de; être de loisir; inoccupé; se reposer, vaquer, mot dérivé de l’hébreu bâqaq, il a vidé; il a privé, dépouillé. L’hébreu bouq signifie aussi il a vidé, dépeuplé, d’où bouqâ, vide, dévastation..

Les vacances sont donc bien faites pour faire le vide.

VATICANUS
Dieu qui rendait des oracles dans un champ près du Vatican, et qui présidait à la parole; d’où le nom du Vatican, une des sept collines de Rome. Du latin vaticinor, predire, prophétiser, vaticinus, vaticinius, qui contient des prophéties; poétique, vaticinatio, prophétie, prédiction, de vates, devin, prophète; poète; prophétesse, poétesse. Les vates ou vacies étaient nommés par les Celtes Faid, mot que l’on peut former, au moyen de l’altération très-fréquente des lettres f et v, du germain wete, science, goth. weta, voir, savoir (anglo-saxon witan, wieten, ancien anglais to weet, l’anglais to wit, hollandais weeten, suédois veta, danois vide, norvégien veta, venus du sansc. vid, connaître, vêda, science), et qui, selon dom Martin, cité par Pougens, serait la racine du latin vates. M. Eichhoff fait venir vates du sanskrit vad, parler, énoncer, d’où vâdas, parole, vâdis, orateur, vadânia, éloquent, vâdat, vâdin, parlant; et d’autres de l’hébreu iedehoni, proprement celui qui sait, qui connaît; devin, prophète, fait de iâdah, il a vu, il a connu, il a su.

Forme ancienne de parler dans le désert des faits de société actuels.

VÉNUS
Déesse de la beauté, mère de Cupidon et des Amours. Du latin venus, amour, maîtresse; planète; beauté, grâce, élégance, mot dérivé, selon Cicéron et Vossius, du latin venio, venir, parce que cette déesse donne naissance à tous les êtres. Gébelin le fait venir du celtique ain, prononcé ven, œil, brillant, beau, mirer; il vaudrait autant le faire venir du chinois ven, beauté, parure. Pluche fait naître le nom de Vénus de l’hébreu bânolh, les filles. « Depuis que la cupidité autorisée par la coutume, dit ce savant, eut converti les plaisirs les plus déréglés en autant d’actes de dévotion, les temples et les bois de la déesse de la génération se remplirent de filles qui y faisaient leur résidence. Ces lieux,par cette raison, furent nommés, en hébreu Suhkolh benoth, les pavillons des filles. Les Européens ne pouvaient prononcer le mot phénicien venoth, -les filles, qu’en disant vénos ou vénus,. et, entendant souvent parler des tentes de venos, ils prirent ce dernier mot pour le nom de la déesse même, ou pour le nom de la génération.

La beauté fait fourcher la langue quand la campagne devient lupanar.

VERCINGÉTORIX
Grand général gaulois. Ce nom, d’après le savant Amédée Thierry, se traduit en gaélique par Ver-cinn-ceto-righ, grand chef de cent têtes ou capitaine supérieur. On a essayé, continue le même auteur, de rendre ce nom en kymrique par Gwr-cyncadorwych, vir primus in pugna et præpotens, explication bien arbitraire, comme on voit (?), et qui produit un mot bien éloigné de l’orthographe latine. Le mot righ, qui terminait beaucoup de noms gaulois, et que les Latins exprimaient par ris, rigis, est analogue au latin rex, au sanskrit ràg’a, roi.

Toutes ces difficultés de prononciation pour finir étranglé.

VERTUMNE
Dieu des échanges commerciaux, des changements. Du latin verto, changer, renverser; tourner, retourner; examiner, considérer.

De là les tourments de la mondialisation et les facilités à retourner sa veste.

VIBILIE
Déesse des voyageurs et des chemins. Du latin via, voie, route, chemin, mot dont MM. Eichhoff, Benfey et autres savants modernes font remonter l’origine au sanskrit vah, mouvoir, porter, transporter, d’où le sanskrit Vahas, route, vâhas, voiture, vahitran, transport, et l’ancien latin Velia, voie, chemin de transport, dont on aurait fait via; en latin veho, traîner, porter, charrier, voiturer, transporter, d’où vehiculum, véhicule, charriot, chaise de poste. En allemand Weg, voie, route, chemin; haut allemand, ancien et moyen. iveg, wee, weceg, ancien gothique wigs, ancien saxon weg, ancien scandinave wegr, ang.-sax. weg, waeg, wig, woeg, ang. way, holl. weg, suéd. Waeg, danois vey, vei, italien et espagnol via, voie, route, chemin

Puisse « Faire la route » redevenir possible avant que les amitiés internationales ne se perdent !

Et ainsi prend fin le voyage ? Non, pas encore. Un petit dernier pour la route et faire place à l’indispensable des couples confinés :

VIRIPLACA
Déesse à laquelle les femmes avaient recours lorsque leurs maris étaient irrités, et qui mettait fin à toutes les querelles du ménage. Du lat. vir, homme, placare, apaiser, calmer, adoucir.

A dresser en urgence sur l’autel familial.

❖❖❖❖❖❖❖ FIN PROVISOIRE DE ROUTE ❖❖❖❖❖❖❖❖

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