Légende de la carte : L’Empire romain au temps d’Auguste
L’Europe est méditerranéenne. La paix règne dans l’ensemble du monde civilisé
mais les Germains au nord et les Parthes à l’est font peser une menace aux
frontières. Et l’île de Bretagne, future Angleterre n’est pas encore conquise
Bientôt, le conquérant dominé par sa conquête voyait sa civilisation s’imprégner d’hellénisme et, sur le plan de l’esprit, la nation victorieuse s’élevait au niveau de la nation vaincue. De plus en plus forte militairement, Rome, restée guerrière, continuait à occuper de nouveaux territoires. Quand ils parurent trop immenses pour étendre davantage la conquête, l’Empire romain éleva un mur sur ses frontières. Ce mur, le limes, suivait approximativement la ligne Rhin-Danube, c’est-à-dire la moitié environ de l’Europe traditionnelle ; mais la souveraineté englobait également l’Afrique du Nord et l’ensemble de l’Imperium ne porta jamais le nom d’Europe.
Tandis que se constituait ainsi le plus important État antique du monde occidental, un phénomène d’ordre religieux s’accomplissait à l’Orient et le Christ désignait Rome, capitale de la civilisation, comme siège de la nouvelle religion. Il est bien possible que si le monde romain à son apogée et le monde chrétien en formation s’étaient accordés, l’Europe se fût faite.
Au contraire, les deux puissances entrèrent dans une lutte de trois siècles et quand l’esprit l’eut emporté sur le sabre, au temps de Constantin, la puissance romaine craquait de toutes parts sous les coups de bélier des Barbares.
En 395, à la mort de Théodose, l’Empire était divisé : Byzance héritait des principales richesses et l’idée d’universalisme penchait vers l’Orient, tandis qu’en 476, Odoacre déposait le dernier empereur romain. En dépit d’un effort vers l’unité tentée au VIe siècle par l’empereur de Byzance Justinien, la possibilité d’une Europe était entrée dans une longue nuit.