Le confinement nouveau est arrivé ! Circulez librement, mais à l’intérieur d’un périmètre imposé, comme dans le jeu de la balle aux prisonniers ! Ballon-chasseur pour la maréchaussée si vous en sortez ! Mais la verdure est cette fois-ci accessible : profitez-en pour un pique-nique de voyageur pris sur le pouce.
Les premiers rayons de soleil me rappelle mon séjour en Allemagne où, dès qu’ils perçaient la brume des derniers frimas, les belles étudiantes se mettaient au balcon en maillot de bain, voire moins au pays de la culture du corps au naturel. C’était l’occasion de repas festifs improvisés sur les pelouses des parcs de la vielle ville universitaire de Münster : le « pique-nique en verdure ». Sans installation confortable : juste une serviette pour s’asseoir, un bol pour se rassasier et un assortiment de « prêt à étaler » sur des tartines de pains différents, du bis au noir (les Danois les beurrent, pas les Frisons), façon smørrebrød des îles frisonnes septentrionales. Allemands de Frise et Danois du sud sont si proches qu’on les confond.
Dans le bol, on y trouve des rondelles d’œufs durs, des fines tranches de concombre, des lamelles de rôti de bœuf (froid mais cuit), des morceaux de fenouil, des radis finement coupés, des oignons nouveaux émincés, des tranchettes hachées de gouda et pour ceux qui veulent plus de goût, des copeaux de harengs fumés… et les indispensables condiments (cornichons, molossols, câpres) avec des herbes à profusion (aneth, persil, cumin et coriandre). Vous piquez dans le bol selon l’ordre que vous voulez !
Et la sauce ? Mélange facultatif mais aigre à la Marius de Pagnol : un gros tiers de fromage blanc épais, un bon tiers de mayonnaise, un petit tiers de vinaigre de cidre et un mini-tiers de jus de citron ! Poivre et sel selon convenance. Mélangez bien le tout pour rendre homogène et versez le dans un gobelet à couvercle pour remuer une dernière fois au moment de déguster. Prévoyez une bouteille d’eau ou une canette de bière et une vraie fourchette. Le tour est joué avec un repas complet et presque diététique à votre goût. Les vrais « Grünen » ajoutaient des graines germées et des éclats de noisettes grillées.
Ultime astuce : pour se rincer les doigts et la bouche, optez pour la petite serviette humide qui tiendra au frais la sauce en l’entourant. Ce sera la copie rafraîchie de l‘oshibori japonais, le symbole du luxe et de l’élégance nippone en moins, le pratique allemand en plus ! Dernier point important par ces temps de restrictions et de mesures privatives : comme vous ne prenez pas un vrai repas, mais un en-cas, bien que copieux, la maréchaussée ne peut vous interdire ce moment de liberté au vert.
N’oubliez pas un chapeau et des lunettes de soleil. Vous êtes fin prêt pour votre bol d’air !!