Kenilworth, a chat about a castle ?

En 2022 pourra être célébré – employons un futur optimiste plutôt qu’un conditionnel confiné – le 40e anniversaire du jumelage Kenilworth – Bourg-la-Reine. Mais dès cette année 2021, cette bonne ville du Warks (le Warwickshire pour les non-natifs), peut fêter le 200e anniversaire de la publication du roman éponyme, Kenilworth, qui la fit connaître bien au delà des frontières de son comté.

Kenilworth, c’est avant tout un château et, pour les Anglais, celui des visites de la cour d’Élisabeth – il appartient à son favori – dont la quatrième de 1575 est si fastueuse que, pendant un mois entier, l’on y dépense mille livres par jour (plus de 2 000 000 € d’aujourd’hui). Tellement festif que William Shakespeare en fera le « Songe d’une nuit d’été ».

Ironie de l’histoire, le château, aujourd’hui en ruines, a été bâti par un Anglais né en Belgique, Jean de Gand ! Européen avant la lettre puisqu’il réclama la couronne de la Castille espagnole !… qui ira finalement à une de ses filles, une autre prenant celle du Portugal ! Européen par nécessité, il sut trouver les Allemands pour leurs mercenaires, afin de guerroyer sur les terres de France. Mais ses sauvageries dans la reprise de viles seront à l’origine de l’anglophobie française qui couve toujours à bas bruits au premier signe d’hostilité anti-continentale. C’est aussi à cause d’une tempête, mais dans l’autre sens, qu’il échouera en une grande tentative d’invasion de la France, le laissant bloqué sur son île. Il se rattrapa avec ses chevauchées dévastatrices qui ravagèrent la France – elles fourniront matière à de nombreuses légendes sur « l’Anglais honni » – avant de s’achever piteusement à la tête d’une armée désertée, épuisée, défaite et malade. Après plusieurs tentatives ratées de nouvelles invasions, il finit par retourner outre-Manche où il se heurta à la Guerre des Paysans, révoltés contre une « poll tax » digne de Mrs Thatcher !
Néanmoins, l’Angleterre, pour son dévouement à la Couronne, le nomma « Lord High Steward », titre honorifique du plus haut officier du royaume. Déprimé par l’exil de son héritier… à Paris, il meurt en 1399 et est inhumé à la cathédrale Saint-Paul de Londres.

Mais ce château, avec ses acteurs politiques et militaires hauts en couleurs, venus plus tard en visite, donne des idées à un poète écossais qui vient de créer un nouveau genre littéraire : le roman historique. En 1821, il publie « Kenilworth, a romance », une transposition très libre – c’est l’éditeur qui impose le lieu et le titre, contrevenant à la réalité – mettant en scène le favori de la Reine, Robert Dudley, partagé entre son ambition du pouvoir (il veut épouser la Reine) et son amour pour Amy Robsart (son épouse secrète). Un savant mélange d’amour et de haine, très romancé.
Tragédie où l’épouse est retrouvée morte comme la vraie au pied de l’escalier (accident, meurtre ou suicide ?) et comédie de boulevard où les portes claquent avec des personnages aussi nombreux (33) que picaresques. Du Feydeau, mais version tragique ! La critique et les lecteurs sont conquis dès la sortie du livre. Des réserves toutefois : la fin trop tragique et la longueur (41 chapitres) parfois ennuyeuse. Mais l’éditeur était avant tout un marchand ! Livre brillant ou un peu faible parce que compliqué inutilement par de perpétuels rebondissements ? Du Labiche en mélodramatique, à force de « situations absurdes fondées sur des malentendus, des quiproquos, des méprises, des déguisements, de fausses identités et des mensonges à la chaîne ». Quand le lecteur connaît la véritable histoire, les personnages perdent de la réalité. Mais c’est un roman !

Alors faites-vous une idée en lisant le livre… en français. Sans vous déplacer ni l’acheter, il est téléchargeable gratuitement sur Gallica, la BNF numérique, à l’adresse :

Kenilworth / Walter Scott ; édition revue par Max Desnoyers sur la traduction Defauconpret | Gallica (bnf.fr)
ou directement
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k687420?rk=21459;2

Vous pourrez ainsi échanger avec les Cousins du jumelage et partager peut-être leur célébration de l’ouvrage en cette année de son bicentenaire ! A chat in the pub about a castle ?
Si vous perdez pied dans les intrigues et les personnages, consultez le guide à l’adresse Wikipedia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Kenilworth_(roman)

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