England, enjoy your meal !

England, enjoy your meal !

Le jumelage le plus ancien est avec nos cousins grands-bretons et il lui revient donc d’être la première étape de notre voyage imaginaire. « Entre le grand large et le continent, nous choisirons toujours le grand large » disait pourtant ce vieil europhile qu’était le vieux lion (Sir Winston). Aujourd’hui la séparation semble consommée puisque Brexit il y a. D’ailleurs, les britanniques appellent toujours « Europe » le continent, sans s’y inclure.


Sans doute parce qu’au royaume de Grande-Bretagne, on y mange curieusement, du moins pour un continental. Les mots « cuisine » et « anglaise » constituent encore pour beaucoup un oxymore. Et depuis longtemps. Une cuisine de pingre ? Un vieux proverbe anglais n’affirme-t-il pas : « L’avare comme le chien de cuisine tourne la broche pour autrui ». A l’en croire, on ne mange pas, on se restaure. Économie de moyens ? Le Major Thompson (Pierre Daninos in « Les secrets du Major Thompson ») affirmait : « La cuisine de l’Angleterre est à son image : entourée d’eau ». Emprunt d’un vieux dicton magyar : « L’homme pauvre fait sa cuisine avec de l’eau » ? Donc insipide ? Faut-il se résigner comme le faisait Paul Claudel : « Devant la cuisine anglaise, il n’y a qu’un seul mot : Soit ! ». Faudrait-il du courage pour se mettre à table ? Oui, à en croire George Bernard Shaw qui déclara : « Si les Anglais peuvent survivre à leur cuisine, ils peuvent survivre à tout ». Mais il était partial : c’était un irlandais de Dublin ! Il ne manquait jamais de fustiger les vices de la société victorienne et sa causticité s’épanchait en sarcasmes sur le conformisme social britannique.


Allons donc au-delà de la « colucherie » : « Si c’est froid, c’est de la soupe, si c’est tiède, c’est de la bière » ! Avec modération comme le prescrivait Benjamin Franklin, ambassadeur de la jeune Amérique auprès de Louis XVI qui conseillait d’user mais sans abuser : « L’espèce humaine en général, grâce aux perfectionnements de la cuisine (il ne parlait certainement pas de la cuisine anglaise mais française) mange deux fois plus que la nature ne l’exige ».


Le rêve de tout anglais n’est-il pas celui qu’exprima un de ses contemporains, Alfred Hitchcock : « Le bonheur est une petite maison avec une grande cuisine ». Mais pourquoi faire ? Le britannique demeurera toujours un mystère.


Pour les fines gueules qui voudraient en connaître plus, ne manquez pas de consulter la page « Cuisine anglaise » sur Wikipédia. C’est très bien fait, gratuit à la consultation ou au téléchargement. Allez alors à la page suivante (en français) :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Cuisine_anglaise
et pour les recettes (mais en anglais dans le texte) :
https://commons.wikimedia.org/wiki/Category:Cuisine_of_England?uselang=fr

Courage or fortitude ?

© Patrick Desaint – L’Europe dans l’assiette (ULS Bruxelles) novembre 2020

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