Promenade d’un contemporain dans un dictionnaire étymologique des noms propres (lettre A)

En période de confinement forcé, une des communes réactions humaines est de vouloir s’en extraire pour s’évader. Une envie irréfragable de voyage alors qu’une pandémie clôt les temps ordinaires. Le respectueux recherchera le dépaysement par… les mots. Leur origine souvent lointaine dans le temps et l’espace apporte un vent nouveau. Le meilleur guide est un dictionnaire étymologique des noms propres, de préférence plutôt ancien. Si ceux des temps actuels profitent des progrès de la linguistique, de la philologie et de la grammaire comparée, ils ont perdu toute profondeur anecdotique qui donne l’ivresse du voyage. Ces noms propres sont si courants qu’on en a oublié la source. De propres, ils sont devenus communs. Certains sont d’usage si rare qu’on ne sait plus qu’ils apportent le terme exact que la littérature moderne a oublié.

Passer en revue l’alphabet, avec une lettre par jour, occupe bien des heures. L’étude reste une aventure. La lecture, plume en main, permet des rapprochements improbables, voire des voies de traverse insoupçonnées. C’est l’occasion de ponctuer ces redécouvertes, de faire des rapprochements avec notre époque… pour mesurer l’évolution, non seulement des mots, mais des mœurs. Critiques parfois faciles mais quelques fois fort à propos à ‘encontre de leurs victimes. De courts billets d’humeur, sinon d’humour, s’échappent de la compagnie de célébrités disparues ont la fréquentation n’était pas toujours recommandable.

Comme avec les vieilles bouteilles, on peut faire des découvertes surprenantes. C’est l’occasion de s’évader furtivement vers l’antiquité, l’Europe de la renaissance et des lumières tout en respectant les limites de la promenade autorisée. Bref, un moment de défoulement épistolaire.

A feuilleter sans modération !

Pour vous mettre en appétit, démarrons notre exploration

ADÉPHAGIE
déesse de la gourmandise. Du grec adêphagia, appétit vorace, dérivé de adêphagos, vorace, fait de adên, abondamment et phagein, manger.

Se confiner fait prendre du poids mais n’oblige plus à la soumission à la pénitencerie apostolique.


ADOLPHE
Du nom de Ataulphe, roi des Goths, fait du goth. alla, père, et du teuton hùlf, aide, secours; du celtique Ulphe, secours.

Prénom prédestiné pour un funeste destin.

AGAPE
Du latin agape, amitié, bienveillance, fait du grec agapê, tendresse, marque d’amitié, dérivé de agapaô, agapazô, aimer, mot qui vient lui-même de l’hébreu hâgab, il a aimé; arabe hagapa, plaire.

Depuis l’origine de l’humanité civilisée, plaisirs de l’amitié avec plaisirs de table.

AGYEUS
surnom d’Apollon, sous la protection duquel les rues étaient mises, et auquel les Athéniens faisaient des sacrifices dressés dans les rues. Du grec agueius, dieu des rues, fait de aguia, rue.

Napoléon Bonaparte y ajouta la numérotation. Sacrifices remplacés aujourd’hui par la Fête des Voisins.

ANTIGÈNE
l’un des plus braves capitaines d’Alexandre. Du grec anti, contre, géna, génos, naissance, dérivé de géinomai, naître.

Remis à la mode avec les tests du même nom pour limiter la pandémie.

ARMINIUS
capitaine germain qui du temps d’Auguste tailla en pièces trois légions romaines et tua le gouverneur Quintilius Varus. Les Romains, ayant perdu, par suite d’une erreur le véritable nom de ce guerrier (un comble pour un empire bien ordonné), firent son nom à partir du titre de herman, mot germanique signifiant chef de l’armée, fait de herr, maître, seigneur, chef, man, homme.

Comme quoi, Rome n’a pas laissé de mauvais souvenirs dans la Teutobürger Wald.

AUTOBULE
peintre célèbre. Du grec autos, lui-même, boulê, conseil, proprement. qui prend conseil de lui-même.

Pratique toujours actuelle dans le monde politique, souvent au plus haut niveau.

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