April Fool’s Day : So british, once again !

Un billet (de bonne humeur) de Patrick DESAINT

Le premier avril est en vue… mais la pandémie risque de ne pas égayer les sujets de Sa Très Gracieuse (et Indéboulonnable) Majesté. Entre Brexit, difficultés de ravitaillement – jusqu’aux cercueils – et tensions économico-sociales, le vaisseau royale ne tangue pas du côté de la rigolade. L’humour britannique en berne ? A voir ! A moins que les Britanniques aient perdu leur âme d’enfants ? Enfin mûrs parce que revenus de leur bévue du « leave » ?

« La maturité de l’homme, c’est d’avoir retrouvé le sérieux qu’on avait au jeu quand on était enfant ! » disait Nietzsche . Peut-être face à la cuisine anglaise, il précisait : « Le sérieux, ce symptôme évident d’une mauvaise digestion ». Plus goguenard, Aristote ajoutait : « Il faut jouer pour devenir sérieux ». Définitif, Oscar Wilde tranchait : « L’humanité se prend trop au sérieux ; c’est le péché originel de notre monde » et Hermann Hesse, avec une bonne rigueur germanique, de renchérir : « Tout humour un peu élevé commence par cesser de prendre au sérieux sa propre personne ».

L’April Fool’s Day est aussi Outre-Manche une tradition, comme presque partout en Europe : c’est l’héritage grec et romain des fêtes pour perdre, au moins une fois par an, le sérieux de rigueur nécessaire pour surmonter les difficultés de la vie.

Ainsi, en 1957, la très sérieuse BBC a diffusé un reportage montrant des paysans italiens, affairés à la cueillette sur des arbres à spaghettis. Succès immense : presque tous tombent dans le panneau ! Mais les Italiens en tiennent toujours rancune ! L’humour anglais peut parfois déborder ; il y a parfois des limites que le peuple de Sa Majesté semble ignorer : en 1999, la radio BBC 4 affirme à ses auditeurs que l’hymne national anglais « God save the Queen » va être prochainement remplacé par un chant européen en allemand – normal, les Windsor sont des Allemands – .Des milliers d’auditeurs appellent l’antenne, scandalisés.

Il faut donc savoir jusqu’où aller trop loin ! Quand l’exaspération monte jusqu’au gouvernement, on sort la grosse artillerie pour restreindre les débordements d’un humour non maîtrisé. Ainsi Theresa May – femme admirable, bien que décriée, dans une impossible adversité – avait prétexté une loi datant de 1653 – les Anglais appellent toujours la Tradition en cas de besoin – pour empêcher les médias, 24 heures durant, de publier des blagues le 1er avril 2019. Et The Telegraph d’ajouter : « Dans le contexte du Brexit, ces blagues sont considérées comme une menace pour la tranquillité du pays » en reprenant les commentaires du porte-parole du gouvernement qui enfonçait le clou : « Personne ne sait plus ce qui est réel ou ce qui est une blague ». Il faut bien avouer que ne pas voter « leave » était le comble de la supercherie dont le Maître incontesté est le Sieur Boris Johnson, BoJo pour les « pub buddies », les « potes de comptoir » !

SI le dérivatif favori des Anglais est de se moquer des Latins – mauvaise acceptation de l’échec de la Guerre de Cent Ans » ? – la France tient en général la corde des moqueries à son encontre. Exaspérée , mais bonne joueuse, en retour, la SNCF a affiché une année sur ses panneaux un « Départ TGV pour Poudlard », l’école d’Harry Potter.

Le « hareng d’avril » des Danois de Copenhague en 2001

Toutefois, à l’heure des fausses nouvelles – ne soyons pas inutilement snobs et ignorons « fake news » – , il semblerait que les poissons d’avril soient devenus aussi usuels que quotidiens, jusqu’aux plus hautes sphères des états. Les humoristes vont prochainement devoir se recycler ! Mais pas dans la politique : ils manquent de l’à propos mordant qui fait la qualité de la riposte ! Ils sont toujours en retard sur l ‘actualité !


Pour faire suite, mais sérieusement, à la blague désobligeante de la BBC sur les arbres à spaghetti de ces » benêts de ritals » un problème qui a sa solution : le cassage en deux du spaghetti !

Quand on plie un spaghetti (sec) il ne se casse jamais en deux morceaux, mais en trois ou plus. Ce « mystère du spaghetti », popularisé par Richard Feynman, un crac de la mécanique quantique, s’explique par le fait que le spaghetti se brise bien d’abord en deux morceaux, mais qu’ils sont ensuite parcourus par une onde de détente de flexion qui fait transitoirement repasser la contrainte au-dessus du seuil de rupture.

C’est imparable ! Alors comment n’obtenir que deux morceaux ?

L’astuce pour réussir à casser un spaghetti en deux consiste à lui appliquer une certaine torsion avant de le plier !

C.Q.F.D.

P.S. : Recyclez les morceaux des essais infructueux avec une bolognaise !

Patrick DESAINT
Patrick DESAINT

Membre éminent de l’ARAI, Patrick DESAINT est un fervent Europhile qui passe beaucoup de son temps à Bruxelles

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