Boris Johnson et le radeau du Brexit

UK by UE : R.I.P

Mauvaise humeur ce matin à la lecture de la presse internationale. Avec BoJo dans le collimateur de la diatribe.

On ne lutte pas contre le sens de l’Histoire. L’ego démesuré d’un politicien sans âme peut conduire un pays à sa perte. Prendre le pouvoir est une chose assez simple : il suffit de mentir dans le sens qu’attendent les autres. La méconnaissance collective des faits sociaux et économiques fait le reste :

1 – Les exportations du puzzle britannique couvrent plus de 42 % de sa production alors qu’à l’inverse l’Union Européenne n’y envoie que 7 % de la sienne. Et vouloir s’appuyer sur le reste du monde qui ne pèse que 29 % est une certitude d’utopiste (ou d’ignare?). Se retirer de son plus grand partenaire économique, c’est une politique suicidaire que rien ne pourra compenser dans un monde dorénavant incertain, tant économiquement que politiquement. Penser que les 27 auraient pleuré et leur envoyer des « missi dominici » pour les acheter, était une arrogance de béotien.

2 – Alors que les « brexiters » sont majoritairement anglais et vieillissants, issus des classes appauvries victimes de la mondialisation, les plus jeunes générations intégrées aux nouvelles technologies de la science et de la finance sont irrémédiablement tournées vers l’Europe… grâce à laquelle Erasmus a permis de réduire drastiquement la facture de leurs études.

3 – Que dire des velléités des parlements régionaux ? L’Écosse piaffe d’impatience pour recouvrer son indépendance (62 % la demande), le Pays de Galles souffre de la tutelle culturelle de Londres et l’Irlande du Nord est maintenant majoritairement catholique et lorgne vers la réunification attendue depuis 1916. Seuls les ouvriers des métiers vieillissant veulent rester à la mère patrie. Bientôt le Royaume Désuni de Grande-Bretagne se réduira à la seule Angleterre ! Rules Britannia ! Rule the Waves. « Règne Britannia, règne sur les mers » est une réalité disparue avec l’Empire.

4 – Une mentalité de marchands ne peut accepter, au moyen d’une convention, de construire un idéal humaniste. « L’Angleterre est une île » et entend le rester ! On s’est tous trompé en 1972. La perfide Albion avait lamentablement essayé de torpiller la Communauté Économique Européenne avec la fantoche A.E.L.E ; et on a voulu lui pardonner. Jean Monet reconnut pourtant, à la fin de sa vie, avoir fait une erreur : il aurait dû commencer par la culture. Bien avant les affaires… mais la reconstruction de l’après guerre n’aurait pu attendre.

5 – Croire que les états du puzzle britannique ne pourront pas rejoindre l’Union est une erreur juridique : ils possèdent leur parlement et, au regard du droit international, sont bien des états. Ce qui n’est pas le cas de la Flandre belge et de la Catalogne (qui ne l’est plus depuis son intégration au royaume d’Aragon au cours du XII ème siècle). Ce ne sont que des communautés autonomes.

6 – La Grande Bretagne n’a cessé de raisonner en marchand : « Plutôt l’élargissement que l’approfondissement » . D’où une Europe qui va à hue et à dia quand elle ne fait pas du surplace. La règle de l’unanimité au niveau central européen montre son inadaptation à la prise de décisions rapides et efficaces que réclame l’époque. Il est impératif de la remplacer définitivement par celle de la majorité qualifiée qui œuvre déjà par ailleurs, quitte à la renforcer par la validation majoritaire des parlements des états membres dont l’acceptation majoritaire suffirait.